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Passé sanglant, rude présent
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Victoria M. Sherry
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Vicky and Isaac

Le Chaudron Miteux, 28 Octobre,

Les doigts de Victoria volaient sur son clavier alors que les minutes s'égrenaient au rythme des feuilles tirant sur leur révérence pour l'année. Pour chaque nouveau fil de la robe du deuil hivernal, un mot tombait sur la page noircie du document de la policière. Prise d'une passion sans limite, seul le froncement des sourcils de la sorcière trahissait son épuisement ainsi qu'une longue mèche torsadée qui venait caresser sa joue. Ses yeux passaient de l'écran à ses notes et aux quelques dossiers éventrés sur le siège passager. Un léger rouge montait à ses joues alors qu'elle ressentait une excitation qu'elle n'avait pas ressenti depuis de nombreuses années.

Se reculant sur sa chaise, Victoria eut le sourire en coin dont elle avait le secret. Ramenant ses mains devant elle, l'adjointe du shériff relut les quelques mots et le rapport qu'elle avait écrit. La vie d'Eagle Lake était aussi surprenante qu'outrageante. Une insécurité liée à des meurtres et des actes de vandalisme se mêlaient à des affaires de corruption et une infrastructure démente. Les faits en soit n'étaient pas une rareté, en particulier dans les villes préférant un maire à celui d'élus par le conseil municipal ou encore la traditionnelle assemblée communale. Ce qui faisait la particularité d'Eagle Lake était l'ampleur des phénomènes pour une si petite ville, surtout la qualité des victimes. Victoria tenait quelque chose. Tous voulaient croire qu'elle suivait une chimère mais elle était au contraire persuader de voir quelque chose que les autres locaux se bornaient à éviter. Peut être que son regard extérieur influençait sa façon de penser et...

Ah ! Qu'est ce qu'ils me veulent ? soupira la policière en entendant crachoter son talkie avec violence. Un simple double clic sur le côté lui permit de confirmer l'appel de ses associés. Victoria hésita une seconde à ignorer l'appel avant de finalement ramener sa mèche rebelle en arrière. Lissant son chemiser d'un geste de la main, elle attrapa le talki et prit une profonde inspiration. Elle salua de la tête son interlocuteur invisible avant de prendre la parole la première :

Bonjour Teddy. Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
Raté ce n'est pas Teddy. lui répondit la voix grave et rassurante de Vincent Madeleine.
Sheriff ! Qu'est ce que vous faites à la radio ? Je croyais que...
Teddy était de service ? Oui mais j'ai décidé de le remplacer pour quelques minutes. Notamment pour savoir pourquoi l'officier Sherry est au volant de la 6 alors qu'elle n'est pas de service.

Victoria rougit violemment malgré sa solitude dans le petit habitacle de la Ford Crown Victoria aux couleurs de la ville. La "Vieille", modèle dépassé par rapport aux autres Dodge Charger de la police, était généralement laissée au garage et la sorcière s'en servait souvent en dehors de ses gardes. Elle aurait dû savoir que le vieux coeur mélancolique du chef allait se tourner vers sa voiture de fonction dans le temps. Avec un soupir, Victoria hésita à simuler une erreur technique ou un problème d'audition avant de finalement reprendre le talkie :

Je suis sur l'affaire Chesterfield. Je veux interroger la survivante.
Merde Sherry! On en a déjà parlé. Ce dossier est chasse gardée et date de plusieurs années. Aucun intérêt à aller déterrer les fantômes du passé...
Vincent. Il est peut être lié au meurtre des Da Souza.

Silence.

Très bien officier Sherry. Allez donc remuer le couteau dans la plaie de la pauvre jeune fille. Et pensez à faire le plein en revenant.

Victoria sourit. Evidemment qu'elle avait eu gain de cause. Au delà d'appeler le shérif par son prénom, arme ultime pour l'amadouer, elle venait de lier la grosse affaire du moment à celle ci. Or, l'adjointe de Vincent Madeleine n'évoquait pas les enquêtes entre elle sans raison. Il ne lui restait plus qu'à ne pas merder. Avec un sourire satisfait, elle attrapa son ceinture et le glisser autour de son pantalon. Si elle portait un chemiser blanc, Victoria ne s'en démarquait pas moins grâce à son uniforme du bureau du shérif: veste à épaulette en coton et pantalon beige, solides bottes en cuir, écusson d'Eagle Lake et son nom inscrit sur le dos. Sans compter l'arme officielle du bureau, le Beretta 92 peu à peu remplacer par le  P320. Ouvrant la porte de la Ford, Victoria frissonna dans le froid d'Octobre avant de trottiner sous la pluie jusqu'à atteindre la porte du bar. L'ouvrant avec assurance, elle rentra dans l'antre du loup et s'avança vers le comptoir. Le lieu était presque vide, à peine 10h du matin, et elle pouvait jouer de son rôle aisément, coudes largement déployés, pouces passés à la ceinture et démarche chaloupée.  

Bonjour. lançà Victoria au tenancier. Je cherche Isaac Chesterfield. Vous pouvez m'aider ?

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Le Chaudron Miteux, 28 Octobre,

Il y avait un vacarme assourdissant dans l’atelier Chesterfield. On battait le fer avec énergie, tandis la voix du chanteur de Slaughter to Prevail hurlait sur l’air d’un jeu vidéo de SF bien connu. Il y régnait une chaleur étouffante et pesante. Le fer rouge était baigné dans un bac d’eau froide, laissant s’échapper un grésillement digne d’un steak jeté  sur un grill trop chaud. Isaac travaillait depuis des semaines sur des appliques en fer forgé pour un type plein aux as dont elle ne se souvenait même pas du nom.
Si sa spécialité à elle était la forge d’armes en tout genre, elle savait également fabriquer des éléments de mobilier et ne s’en privait pas, surtout quand on lui promettait une somme salée. Attrapant sa pièce désormais refroidie, elle la posa sur les autres morceaux déjà assemblés, la cala avec des pinces de métal et s’équipa de son casque de soudure. Abaissant sa visière, elle actionna le mécanisme et, dans un bruit crissant, des gerbes de lumière éclatantes se mirent à illuminer tout l’atelier. Délicatement, elle assembla le fer fraîchement battu, maniant la baguette avec précision.

Puis, après plusieurs dizaines de minutes, elle se recula et admira ce qu’elle venait de fabriquer. La pièce était assez classique, en termes de style, mais la technique était caractéristique des anciens, et c’était ce que son client recherchait. Les mains noires et le visage noyé de transpiration, elle raccrocha son casque sur l’établi et rangea son matériel. Elle éteignit sa forge, laissant le feu se tarir de lui-même. Soigneusement, elle épousseta l’applique, passa une patine avec application, puis elle l’emballa dans du papier du Japon, avant de la placer dans un carton.

Un coup d’œil à sa montre lui fit monter le sang à la tête. Elle avait une heure de retard. Rapidement, elle ferma sa forge, éteignit toutes les lumières et laissa les braises éclairer les lieux d’une faible lueur rougeâtre avant de se jeter dans le vieux pick-up de son père. S’allumant une clope au préalablement roulée, la jeune femme regarda le paysage à mesure qu’elle roulait. Bientôt, elle arriva dans les beaux quartiers et elle bifurqua sur la Lucifer’s Street. Évidemment. Le type vivait dans une sorte de manoir qui puait le fric à plein nez et lorsqu’elle arrêta son pick-up devant celui-ci, le gars sortit de sa baraque.

- « Mademoiselle Chesterfield, je vous attendais. Où est l’applique que je vous avais commandée ? » - dit-il, la voix haut perchée.

Elle jeta un bref coup d’œil à la boîte aux lettres et pu noter mentalement le nom qu’elle avait oublié. Bogart.

- « Excusez-moi Monsieur Bogart, je me suis laissée happée par le temps. »

Dans sa salopette bleue tachée de charbon, sa tignasse complètement ébouriffée et ses mains tachée, elle contrastait avec violence face au type en mocassins à glands, polo et chino impeccablement repassé. C’en était à mourir de rire. Tirant le carton de son véhicule, elle l’apporta sous le perron du manoir et en tira son œuvre. Bogart la contempla durant quelques minutes avant d’acquiescer silencieusement. S’éclipsant l’ombre d’une minute, il revint avec une enveloppe gonflée et la tendit à la Chesterfield. Elle l’ouvrit alors, et ses yeux s’écarquillèrent. Un bref regard interrogateur au client lui fit comprendre qu’il était prêt à mettre de l’argent pour une pièce artisanale. Beaucoup d’argent. Elle voulu lui serrer la main pour conclure le deal mais elle se ravisa lorsqu’elle observa ses mains parfaitement manucurées. Pas vraiment le genre de mains à toucher de la merde.

Ils se quittèrent et Isaac remonta dans son pick-up. Plongeant de nouveau la main dans l’enveloppe kraft, elle eut une bouffée de chaleur. C’était trop, beaucoup trop. Mais elle se décida à en profiter. Rangeant l’enveloppe dans la poche ventrale de sa salopette degueulasse, elle fit vrombir le moteur et se dirigea vers le lieu qu’elle préférait : le Chaudron Miteux. Se garant devant l’entrée une bonne vingtaine de minutes plus tard et entrant en trombe dans l’établissement, elle s’apprêta à déclarer la tournée générale avant d’entendre son nom. Fronçant les sourcils, elle détailla la personne qui la personne qui réclamait sa présence et reconnut le visage de Victoria Sherry. Son enthousiasme retomba aussi sec.

- « C’est moi-même. Je peux vous aider Sheriff ? » - dit-il sur un ton inquiet, se demandant si quelqu’un avait fini par la balancer pour les plants de cannabis qu’elle faisait pousser derrière la forge.


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Le Chaudron Miteux, 28 Octobre,

Lorsqu'elle était de service, Victoria devenait une autre femme. A l'image de la coryphore mystique et sensuelle qu'elle présentait au Sanctum ou la jeune femme coquette et soucieuse au reste du monde, son rôle de policière était bien différent. Plus dur, la mâchoire légèrement contractée pour l'accentuer, elle avançait son menton. Elle plissait les narines, là où habituellement les gens les écartaient. Plus froid et hautain, son regard perdait toute douceur pour faire face à l'oeil glacial du prédateur. Avec ses cheveux tirés en arrière en une simple queue de cheval et son uniforme de police qui lissait ses formes, elle prenait un malin plaisir à voir les autres la juger différemment des autres êtres humains. Pour sûr: elle ne l'était pas totalement.

Elle avait cru que le gérant du bar lui causerait plus de difficulté. Le Chaudron Miteux n'avait rien d'un hub central du crime organisé d'Eagle Lake mais sa réputation n'était pas celle d'un saint pour autant. Généralement, ces milieux craignaient la police autant qu'il la détestait. Surtout lorsque celle-ci était plus ou moins intègre et incorruptible. Les ripoux existaient partout certes, mais qui était Victoria pour juger ? Elle se contenterait de les mettre au pilori. Aussi lorsque le barman haussa les épaules et laissa entendre qu'Isaac n'était jamais bien loin du bar, elle prit son mal en patience, perturbée. Victoria aimait les joutes verbales et l'homme ne voulait pas manger de ce pain. Avec un soupir intérieur, elle lui adressa un regard de biche avant de se détourner et d'attendre.

Heureusement, il ne fallut pas longtemps pour Isaac Chesterfield d'arriver. Elle cligna des yeux, surprise. Tout d'abord, son cerveau n'arrivait pas à associer ce prénom à une femme. Les Isaac étaient des grands blonds, musculeux avec un air gouaille de surfeur. Ces éphèbes californiens n'avaient rien à voir avec la Nouvelle-Angleterre pluvieuse, particulièrement à Eagle Lake. Tandis qu'elle détaillait la frêle jeune femme, Victoria se demandait sérieusement si son dossier avait menti. Au-delà de quelques dénonciations des voisins pour des faits illicites de consommation de cannabis - vous comprenez à son âge... où va la jeunesse ! - l'officier de police ne connaissait d'elle que l'histoire de ses parents et son métier : forgeronne. Or avec des bras plus fins qu'un spaghetti d'Oncle Tony sur la 5eme, Victoria l'imaginait mal soulevait de la fonte en fusion. Heureusement, la jeune Isaac ne la déçut pas sur un point : l'inquiétude propre à l'apparition d'un officier de police à sa porte. Sans sourire, Victoria s'avança avec toujours les pouces passés dans sa boucle de ceinture.

C'est officier Sherry pour vous mademoiselle. lança Victoria d'un ton proche de l'aboiement : On va laisser les affaires du Shériff au concerné: Vincent Madeleine. C'est bien clair ?

Arrivée à la hauteur d'Isaac, elle la toisa. Du moins elle fit de son mieux alors que la jeune femme lui rendait déjà quelques centimètres. N'en pouvant plus, Victoria pouffa de rire et laissa tomber le masque. Gonflant les joues, elle roula des yeux avant de frapper d'un petit coup de poing l'épaule d'Isaac:

Relax, je ne suis pas là pour te causer des ennuis. À moins que tu n'aies quelque chose à te reprocher ? Non ? Parfait. C'est plutôt moi qui ait besoin de toi à vrai dire. J'ai besoin qu'on parle d'un sujet sensible. Je te paie un coup à boire ou tu veux aller dans un endroit plus privé ?

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Le Chaudron Miteux, 28 Octobre,

Une vague d’angoisse l’étreignit soudainement. L’un de ses voisins avait dû la balancer. Ou peut-être que l’un de ses potes s’était fait coffrer et pour éviter de se retrouver avec une plainte au cul, il avait fini par tout raconter. Là manière dont elle avait planqué ses pieds dans des buissons, afin de ne pas pouvoir les voir, ou aussi la manière dont elle faisait sécher les fleurs et... Voilà que Vicky Sherry se plaça face à elle et, d’un ton sec et autoritaire, la remit en place. La forgeronne se braqua. Isaac n’aimait guère ce ton qui lui rappelait un peu trop ceux qui avaient pour habitude de dénigrer les humains. Elle s'apprêtait à faire preuve de l’arrogance acerbe dont elle avait le secret lorsque la flic face à elle s’adouçit soudainement, se payant sa tronche, en passant.

La Chesterfield avait toujours eu quelques soucis avec l’autorité. Elle n’avait jamais aimé qu’on puisse lui donner des ordres ni même que l’on puisse dicter ses décisions d’une manière ou d’une autre. Afin de ne pas finir derrière les barreaux pour violences contre une personne dépositaire de l’autorité, elle prenait sur elle. Ayant déjà été foutue en garde à vue pour lui servir de leçon étant ado, certains continuaient de garder un oeil sur ses faits et gestes, sentant en elle un potentiel problème à venir. Finalement, l’unique enfant des Chesterfield s’était tenue - plus ou moins - à carreau. Elle était la seule héritière de la forge et il n’était évidemment pas envisageable pour elle de la laisser à l’abandon à cause de ses petits accès de rage.

- “Vincent Madeleine… Ce nom ne me dit rien… Officier Sherry.” - fit-elle sur un ton qui laissait sous-entendre une ironie mal placée. - “Et ici ira très bien. Je prendrai une pinte de stout dans ce cas” bougonna la forgeronne, encore légèrement vexée par la blague de Victoria.


Machinalement, Isaac tira un carnet de cuir de la poche ventrale de sa salopette et elle tourna les pages en marmonnant quelques noms sans pour autant que l’officier puisse l’entendre. Elle ne trouva pas le nom cité.

- “Je ne l’ai pas dans ma liste de clients non plus, et j’ai plutôt tendance à tenir mon registre de manière assidue. Au cas où l’une des mes productions ne se retrouvent mêlées à une affaire me dépassant…

Le serveur posa devant elle une pinte aussi noire que le ciel au loin. Tandis qu’elle porta la bière à ses lèvres, Isacc eu une sorte d’intuition. Le goût amer de la stout fit écho avec la raison pour laquelle l’officier Sherry venait certainement. La jeune femme ne détourna pas le regard du comptoir.

- “Je suppose que c’est au sujet de mes parents, n’est-ce pas ? J’avais déjà tout dit aux inspecteurs à l’époque. Je n’ai rien vu, si ce n’est les cadavres de ma seule famille.” - fit-elle.

Un peu sous le coup du stress, elle tira sa blague à tabac de sa poche et se mit à se rouler une cigarette. Les doigts tremblants, elle eu bien du mal à produire quelque chose de potable.



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Victoria leva un sourcil soupçonneux. Elle avait du mal à croire que la jeune femme en face d'elle ne connaissait pas Vincent Madeleine. Tout d'abord le vieil afro-américain était une institution pour la ville d'Eagle Lake. Sheriff depuis plus de trente ans, il approchait d'une retraite bien méritée. Tout le monde saluait sa diplomatie et sa facilité de vivre malgré ses manières parfois abruptes et son humour cinglant. Qui plus, Isaac avait un dossier à son nom, en dehors du cas de ses parents, et avait très certainement rencontré le chef de la police locale. Vicky soupirai intérieurement et décida de de laisser passer l'ironie de la gamine. Se tournant vers le barman, elle commanda sa pinte de stout et prit elle-même une lager. Bien fraîche et à peine houblonnée, véritable pisse des concerts, elle craquait pour autant pour cette catégorie de bière.

Lorsqu'elles furent tout les deux installées, Victoria observa Isaac farfouiller dans son carnet de cuir. Malgré son allure négligée et un peu rock, elle semblait organisée et passionnée par son métier. D'après ce qu'elle savait, la forge Chesterfield était connue dans toute la ville pour la qualité de son travail, et ses tarifs. Elle n'avait jamais trop su si les prix étaient exorbitants ou au contraire abordables. La magicienne doutait avoir besoin des services d'Isaac un jour ou l'autre. Elle fronça les sourcils lorsque cette dernière aborda le sujet de Vincent à nouveau et ne put s'empêcher de soupirer cette fois.

Très drôle. lâcha l'adjointe, grinçante. Si tel était le prix à payer pour sa blague de mauvais goût, elle mettait billets sur table celle-ci. Victoria ne put réagir que le serveur posait déjà leurs bières sur la table. Sans un bruit, les deux femmes burent une première gorgée et la policière se pourlécha les babines trempées par la mousse. Elle observa du coin de l'oeil Isaac et comprit qu'elle était perturbée par la raison de sa venue. Evidemment, qu'elle l'était. Reprendre de plein fouet le décès de ses parents après tant d'années devait être difficile. La voyant tripoter une cigarette malheureuse, Vicky se pencha et attrapa d'autorité la blague à tabac d'Isaac. Elle roula elle même une cigarette d'une main assurée et la tendit à la forgeronne :

Je roulais souvent pour un de mes exs. expliqua-t-elle, laconique et peu envieuse de s'épandre sur le sujet. Elle interrogea du regard le barman qui hocha la tête. Que le propriétaire n'ait rien à faire de respecter les lois en vigueur concernant le tabagisme passerait pour aujourd'hui. Victoria ne voulait pas heurter plus en avant Isaac. Elle ressentait de la peine pour la jeune femme. S'enfermant dans son rôle de policière pour fuir ce sentiment et l'empathie qu'elle éprouvait, elle reprit :

Je suis sincèrement désolée pour tes parents... Je viens effectivement pour une affaire. Elle est seulement liée à leur décès mais pourrait déboucher sur des avancées les concernant. As tu jamais entendu parlé des Da Souza ? Particulièrement de John Da Souza ? Ils étaient proches de tes parents.

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- "Merci" - fit-elle avec un mince sourire.

Elle attrapa la cigarette finement roulée et sans même jeter un regard autour d'elle, l'alluma d'un geste sec. Même si la loi lui interdisait de fumer à l'intérieur des commerces, elle n'en avait cure. Ici, elle était chez elle. Le Chaudron Miteux était presque comme sa seconde maison, et Lewis était presque comme un frère. Et même si en temps normal elle sortait pour ne pas enfumer l'espace, la situation actuelle ne le lui permettait pas.

Isaac leva le nez de sa bière et regarda Victoria.

- "Tout le monde est toujours navré pour moi et mes parents. Une pure question de politesse. Leur mort a arrangé bien du monde. Peut-être que je suis la prochaine sur la liste, qui sait ? D'anciens chasseurs qui déboulent dans une ville remplie de créatures qui étaient auparavant leurs proies, sacré retournement de situation ! Ils se sont jetés dans la gueule du loup en voulant échapper à leur passé. Les têtes de vampires et de loups-garous empaillées dans le salon de mes grands-parents en guise de trophées, c'était plus trop à leurs goûts. Ils s'étaient repentis de tout ça mais beaucoup d'habitants ont eu la rancune tenace. Je les comprends, d'une certaine manière. On était pas du coin, mais je suppose que la réputation des Chesterfield nous a précédée."

Elle expliqua ça d'une manière presque automatique. Combien de fois avait-elle dû raconter ce ramassis de conneries à chacun des intermédiaires de la justice ? Et combien de fois avait-elle dû se justifier aux types qui venaient lui présenter des condoléances baignées d'hypocrisie ? Qu'importe. Elle bu une seconde gorgée de sa bière à la couleur du mazout, puis elle tira sur sa cigarette. Soufflant une longue traînée de fumée, elle posa ses yeux sur l'officier. Lorsque celle-ci lui parla des Da Souza, Isaac dû faire un effort mental.

- "Ouai, je vois à peu près de qui on parle. Mon père était tout le temps fourrés avec eux. Je n'ai jamais trop su pourquoi. Après tout, j'étais pas vraiment intéressée par toutes ces histoires et j'étais bien trop occupée avec l'école. Et puis ma mère n'aimait pas trop que je traîne dans les pattes de mon père lorsqu'il discutait affaire avec John. Il s'est passé quelque chose avec eux ? "

Elle se souvint surtout de Ben, le fils Da Souza. Un peu plus âgé qu'elle, il avait tendance à suivre son paternel comme son ombre, toujours fourré dans ses combines à la con. Isaac ne l'avait pas revu depuis des années. De mémoire, elle le trouvait suffisamment bête pour dire amen à tout ce que son père lui réclamait. Il y avait sans doute une relation étrange pour ne pas dire compliquée entre les deux, pour que Ben ait été aussi soumis à John.

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Victoria se braqua lorsque Isaac laissa tomber le masque. Le dos tendu et les mâchoires crispées, la policière regarda avec peine la jeune femme. Elle ne souhaitait à peine la mort des êtres les plus chers qu'une personne puisse connaître. Nul être humain ne méritait de voir ses parents partir trop tôt. A ses yeux, la seule douleur plus terrible était de se voir survivre à ses enfants. A moins d'être un sociopathe n'aimant rien ni personne. Elle comprenait l'amertume d'Isaac vis à vis de toutes les personnes lui présentant leurs condoléances. Mais ainsi était la vie, les codes sociaux l'exigeaient. Etait ce trop difficile à comprendre ? Lorsqu'on côtoyait la mort tout les jours, certains mots devenaient un automatisme. Pas pour Vicky, ils lui pesaient sur le cœur à chaque fois qu'elle les prononçait. Sa peine pour Isaac était sincère et n'appréciait pas d'être rejetée de la sorte.

Peu importe le passé de tes parents. Personne ne mérite de mourir de la sorte. La course à la violence n'amène rien d'autre que de l'amertume et des regrets. Ils l'avaient compris.

A vrai dire dire, même s'ils chassaient encore, Victoria aurait condamner leur mort. Elle n'en voulait pas aux chasseurs ou autres limiers du surnaturel. Le combattre c'était une façon de reprendre le contrôle d'une vie perdue face à l'inconnue. Le pouvoir et le renommée tirait de ce statut pouvait exciter les sens. N'eut été elle une sorcière et la coryphée, Victoria serait probablement devenue l'une des leurs. Elle aimait bien trop la sensation de puissance et de contrôle dans ces moments. Le sang et la mort ne l'effrayaient plus. Elle ressentait presque cette jubilation lorsque Isaac avoua, sans difficulté, connaître les Da Souza. Et toc Vincent ! Son flair ne l'avait pas trahie. Maintenant venait la partie la plus difficile à annoncer à la jeune femme...

Les Da Souza ont une histoire compliquée. Une partie font partie des Librarian, un des coven de sorciers de la ville. L'autre s'est opposée très tôt à ce sang si particulier chez les leurs. Ils sont devenus une forme atypique de chasseurs. Des évangélistes athées d'une certaine manière. John Da Souza, comme tout sa branche de la famille depuis plusieurs générations, refusaient la violence gratuite et le meurtre. Au contraire, c'était un des plus éminents membres de la communauté humaine d'Eagle.

Victoria regarda le fond de son verre :

Était parce qu'il a été retrouvé mort ainsi que sa femme voilà trois semaines. Un meurtre suivi de très près par la disparition de son cousin Laurent, sorcier de son état, et de la majeure partie de ses recherches en magie. Notre principal suspect est son fils Ben. Je crois que tout cela a à voir avec quelque chose que ton père et John préparaient depuis des années d'après les informations à notre disposition. Est-ce que tu en sais quelque chose ?

Victoria ouvrit sa veste et la farfouilla pour en sortir le fichier au nom de John Da Souza. Elle le fit glisser vers isaac qui pouvait en lire le titre.

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Isaac écouta, d'abord, d'une oreille distraite, afin de se protéger un peu, d'une certaine manière. Mais Victoria avait raison. Personne ne méritait de mourir de la sorte et ses parents n'échappaient pas à la règle. Ils s'étaient rangés et avaient oeuvré au bien de la communauté, même lorsqu'ils étaient rejetés par cette dernière. Finalement, son cerveau n'eut d'autre choix que de se concentrer sur les propos de la fliquette.

Elle ne connaissait pas l'histoire de famille de Ben. Après tout, il n'était pas très bavard sur cet aspect là. Il passait plutôt son temps à embarquer Isaac pour aller faire quelques conneries à coup de vol de chewing-gums dans des superettes du coin, ou pour aller briser les carreaux de bâtiments abandonnés du trou à rat. Ben avait était son premier amour, d'une certaine manière. L'irlandaise n'hésitait pas à redoubler d'ingéniosité pour l'impressionner et lui en faisait de même. Mais voilà, il y avait toujours eu une ambiance étrange chez les Da Souza.

En écoutant tout le charabia sur la violence gratuite que John Da Souza refusait, Isaac compris ce qui le liait autant à son père. Paddy avait fait table rase du passé, et lui aussi, se refusait à un quelconque acte pouvant mettre autrui en danger. Il aurait pu donner sa vie pour sauver celle des autres. Il avait d'ailleurs toujours dit à Isaac que, même s'il ne cautionnait pas ses petites conneries de vol à l'étalage, il préférait cela à une inculpation pour violence. Même si la Chesterfield savait se battre, il avait toujours mis un point d'honneur à ce que ce ne soit qu'en cas d'attaque, uniquement.

Puis, Victoria lui annonça la douloureuse. A leur tour, les Da Souza avaient été assassinés. Isaac devint blême et recula sur son siège, comme voulant échapper à la nouvelle. Mais ce qui l'enterra un peu plus au fond de son trou fut que le suspect principal n'était autre que Ben lui-même. Et ça, la forgeronne refusait d'y croire.

- Je ne comprends pas pourquoi on soupçonne Ben. Il est vrai qu'il avait une relation bizarre avec son père, mais pas de quoi le trucider dans son sommeil. Et encore moins sa mère. Ben était tout le temps collé à ses pompes. Soit, je savais que ça ne l'enchantait guère de suivre son père partout, mais John avait toujours été cool avec lui. Autant que mon père pouvait l'être avec moi. Ses parents ne l'élevaient pas à la dure, et d'aussi loin que je me souvienne, il n'a jamais manqué de rien et a sans doute été éduqué de la même manière que moi. - fit-elle un air dépité et surpris sur le visage. - Je suis désolée Officier, mais il va me falloir plus que des soupçons pour me faire penser que c'est lui l'assassin.

Blême, la forgeronne ne fanfaronnait plus avec le gros pactole qui se trouvait dans la poche de sa salopette. Si en venant ici elle voulait claquer son fric avec tout le monde, désormais elle n'avait envie que d'une chose : rentrer chez elle et s'enfermer à double tour dans sa chambre après s'être enfilée un joint de l'espace.

- Je ne sais pas trop ce qu'ils fabriquaient. J'ai déjà entendu des mots comme portail et sécurité. Peut-être voulaient-ils renforcer la sécurité du portail de la ville ? Mon père avait certaines compétences qui pouvait servir à la communauté entière, à ce sujet. Mais il a voulu me tenir éloignée de tout ça. Trop jeune et trop irresponsable, disait-il.


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