Maya ne pourrait pas se plaindre ne pas avoir été aimée par sa mère lors de son enfance. L'épreuve d'élever ce nourrisson, abandonné lâchement par un homme incapable d'assumer ses propres responsabilités, exigeait une dose d'amour considérable. Né d’un père Beast qu’elle n’a jamais connu, Maya n’est autre que le fruit d’une aventure d’un soir entre ce dernier et une jeune femme peut-être trop crédule, aspirant à une idylle parfaite avec l’homme dont elle s’était amourachée. Refusant de sacrifier la vie plus stable qui l’attendait à l’autre bout de la ville, son géniteur prit la décision de laisser son amante gérer d’elle-même ce « problème » tandis qu’il retrouvait de son côté la chaleur et la gaieté de son foyer originel.

Bien que l'on puisse reprocher à Julianne d'avoir parfois été une mère distante lors des moments plus difficiles, il était impossible de nier qu'elle était imprégnée d'une bienveillance qui l'avait guidée à fournir à Maya une éducation adéquate et une enfance plutôt paisible. Malgré les défis de la vie, Julianne avait aimé sa fille et avait même consenti à jouer le jeu lorsque les premiers signes de sa "différence" avaient commencé à se manifester : les nuits d'insomnie, passées à débarrasser sa fille des peaux mortes qui émanaient de ses bras et de son visage, laissaient déjà entrevoir sa singularité.  

Maya avait hélas hérité du côté Beast de son géniteur et plus le temps passait et plus la corrélation entre ses crises et le cinquième jour du mois lunaire de Shravana devenait évidente. Le serpent était un animal auquel Julianne avait été habitué dans des contextes plutôt communs mais elle avait dû apprendre à le voir sous un autre jour dès lors que son enfant s'était mise à muer et que sa température s'adaptait naturellement à son environnement sans que cela engendre la moindre conséquence sur son comportement.

En passant des simples gommages aux greniers spécialement adaptés pour la canaliser lors de ses nuits plus ardues, Julianne s’était efforcée de ne surtout pas se laisser abattre par les épreuves que la vie lui réservait et avait tenté d’offrir à son enfant un environnement sécurisant et correct. Certes il lui arrivait, lorsqu’elle était submergée par des émotions plus sombres, de solliciter l’aide de ses amies afin de prendre en charge quelques jours la petite Maya dont le comportement jouait parfois avec son équilibre mental. Elle pouvait l’aimer, mais il ne fallait pas non plus lui demander de ne pas être dépassée par ses crises.

Au fil du temps, Maya est arrivée aux rives de l’adolescence et l’insouciance n’était plus présente pour adoucir certains traits de sa mère. Elle pouvait discerner l’épuisement et la distance qu’elle imposait lorsqu’elle replongeait dans ses jours sombres, peinant à nouer une véritable relation avec son enfant qui lui demandait bien trop de travail et qui ne dépendait plus autant d'elle. Convaincue d’être désormais uniquement aimée et tolérée par principe, Maya jugea préférable de laisser sa mère tranquille et envisagea très vite d’entamer des études et déménager lorsque la majorité serait atteinte.

Toujours dans la volonté d’aider sa fille malgré tout, Julianne lui suggéra de se rendre à Eagle Lake après s’être renseignée au sujet de cette mystérieuse ville. Consciente qu’elle y trouverait surement sa place bien plus vite que dans un monde régi par de simples humains, Julianne embrassa son enfant une dernière fois et la laissa alors quitter le nid à 20 ans pour entreprendre la quête d’une toute nouvelle vie sans trop chercher à la retenir.

Mais les problèmes ne s’arrêtaient pas là. Une fois arrivée là-bas, un autre souci de taille vint secouer les premières années d’adulte de Maya : les Beasts ne formaient pas une communauté unifiée et se divisaient entre les Traqueurs et la Meute. Bien trop désintéressée par la politique du pays et trop prudente pour mettre sa vie en jeu au nom de sa liberté, Maya ne se voyait pas rejoindre la partie plus virulente de son sang mais ne se sentait pas non plus légitime auprès de la Meute qui défendait corps et âme des causes qui ne l’intéressaient pas tant. À ce jour, malgré de nombreuses périodes de réflexion profonde, Maya n'a pas réussi à prendre une décision définitive et demeure parmi les rares indépendants.

Pour ce qui est de sa vie à Eagle Lake, Maya se fond dans la masse si ce n'est pour cumuler des relations désastreuses. Chaque nouvelle tentative de créer un lien plus profond avec autrui la ramène aux images d'elle enfant en train de préparer ses cartons pour déménager après avoir attaqué encore une fois la fille des voisins: Elle ne se sent pas assez stable pour prendre soin de ceux qui l'entoure et a la fâcheuse tendance à reculer de 10 pas après avoir pourtant franchi le premier d'elle-même. Elle reçoit régulièrement des messages d'ex.es ou d'amis mécontants d'avoir été ghostés mais cela ne l'empêche pas de poursuivre ce schéma toxique et de s'auto-briser le coeur dans le processus.

Dotée d'une expertise acquise au cours d'études spécialisées en lettres et en littérature, Maya est aujourd'hui une passionnée de livres sous toutes leurs formes, particulièrement friande de bandes dessinées qu'elle avait l'habitude de piquer dans la réserve de sa mère au cours de son enfance. Son emploi actuel à la bibliothèque Ancienne au centre-ville est pour elle une véritable ancre, qu'elle tient fermement, espérant ainsi toujours disposer des ressources nécessaires pour se procurer des potions apaisantes de furie et ainsi éviter bien des problèmes.

À ce jour, Maya prends régulièrement des nouvelles de sa mère bien que leur relation demeure particulièrement complexe. Cette dernière semble renaître de ses cendres depuis que son enfant n'est plus omiprésente dans sa vie et pas sûr que cela plaise autant à notre principale concernée qui réalise continuellement le poids qu'elle a représenté pour elle malgré l'amour qu'elle aura tenté de lui offrir.

Concernant son père, Maya ignore tout de son identité et cela lui convient parfaitement ainsi. Elle lui voue une haine viscérale et ne sauterait pas dans ses bras si elle venait à le rencontrer, tant pour les torts qu'il a causé à sa mère que pour la" malédiction" bestiale dont il l'a affublée.