The lost souls chapter

Feuerbach Leos ft. Weaver Maya

---

Les années n’avaient guère suffi à Maya pour s’habituer aux misères qui incombaient à son rôle. Lorsqu’elle avait signé ce contrat qui lui assurerait une place dans l’une des plus grandes et anciennes bibliothèques du centre-ville, jamais elle n’aurait imaginé qu’elle passerait plus de temps à vérifier que tous les coussins étaient parfaitement accordés et alignés les uns aux autres plutôt qu’à véritablement rechercher de quoi agrandir l’immense collection d’ouvrage à sa disposition.

Elle connaissait la majeure partie de ces bouquins mais une partie d’entre eux ne lui disaient en toute franchise, pas grand-chose. Beaucoup étaient si vieux que c’était limite si elle ne peinait pas à en décrypter le titre et certains étaient même écrits de sorte que seules les personnes dotées d’aptitudes très spécifiques puissent y accéder et en découvrir le contenu. Il lui était arrivé de vouloir y jeter un coup d’œil par de rare moments d’ennuis mais la direction était formelle : elle devait respecter son cahier des charges et faire le boulot qui lui était assigné sans aller foutre son nez n’importe où. Elle était consciente du type de population qui fréquentait parfois les profondeurs de ces lieux et prenait ainsi un risque considérable en défiant ces règles.

Elle était plutôt ok sur le principe mais ignorait que trouver l’esthétique parfaite d’un coin calme au sein de l’établissement faisait parti des nombreuses tâches qu’elle devait suivre à la lettre. Elle n’avait pas l’œil pour ça mais c’était soit ça, soit elle se chargeait d’aller réparer une autre dizaine de livres mais elle n’avait clairement pas la tête à cela pour le moment. Depuis ce matin elle n’avait fait que scotcher pages après pages et il fallait à tout prix qu’elle se sorte la tête de l’eau avant de s’endormir lamentablement.

La nuit avait été courte et elle sentait les quelques traces d’exuvation encore brûlantes se presser au niveau de son avant-bras et lui rappeler qu’elle avait encore bien du travail à faire avant de se défaire complètement de sa seconde peau. Pour l’instant son visage n’avait pas encore fait les frais de sa véritable nature mais elle avait de quoi faire au niveau de ses doigts, obligée de gratter discrètement la surface de ces derniers pour en retirer les peaux mortes avant de vérifier que personne ne la regardait. Sa fâcheuse habitude de laisser ses déchets derrière elle lui valait régulièrement des convocations. C'est pourquoi elle abandonna rapidement l'idée de persévérer dans cette voie et préféra se concentrer sur les canapés qui n'attendaient plus que son approbation.

Pour elle toutes les couleurs se ressemblaient mais sa collègue avait été formelle : si elle arrivait et que le tout lui semblerait peu harmonieux, alors Maya devra en subir les conséquences et revenir se planter ici pendant plusieurs minutes avant de trouver LE coussin qui irait le mieux avec l’autre. Tout cela lui semblait parfaitement ridicule mais elle ne voyait pas comment conclure sa dernière heure de travail autrement qu’en fournissant un minimum d’effort.

A ce stade elle soupçonnait grandement sa collègue d’avoir une dent contre elle et de lui refiler toutes les tâches les moins intéressantes du groupe. Elle aurait pu se charger des archives ou alors s’occuper de ce qui touchait à l’informatique mais non, elle se retrouvait plantée ici à faire de la décoration et ne se souvenait pas à quel moment elle était tombée aussi bas pour se plier à ce type de demande. Qui plus est, elle estimait que cela ne servirait à rien puisqu’elle verrait bientôt des lecteurs s’y affaler et foutre en l’air le travail pourtant finement calculé pour lui éviter d’avoir à le réitérer dans les jours à venir.

- Ils ne sont même pas de la même taille, quelle connerie.

Grommela-t-elle alors qu’elle s’affairait, un soupir fuyant immédiatement ses lèvres tandis qu’elle terminait ce qui lui semblait être une œuvre plutôt correcte. Elle n’oublia bien sûr pas de rester attentive aux personnes qui pénétraient en ces lieux, prête à se rendre disponible si besoin et les guider en cas de doute. Elle avait choisi ce travail pour cette raison et adorerait tomber sur une âme perdue afin de se distraire un tant soi peu. Les journées commençaient à se faire bien trop longues à Eagle Lake à son humble avis.

The lost souls chapter

Feuerbach Leos ft. Weaver Maya

---

Comme toujours, Leos enchaîne les nuits à lire sur les sujets occultes et à regarder de vieux films afin d'en savoir un peu plus sur la culture d'Eagle Lake.
Il constate avec étonnement que même au sein de la réalisation et du montage, des procédés complètement atypiques sont utilisés.
Il s'est par exemple intéressé à une sorcière qui tourne à la pellicule et qui ensorcèle cette dernière, pour proposer des films expérimentaux qui retournent complètement le cerveau de notre undead.

Il est donc allé à la bibliothèque dans l'espoir de trouver un bouquin sur Franziska Hofman, consoeur de sa patrie qui s'est elle aussi exilée dans cette ville après avoir réalisé qu'elle possédait un don.

Complètement matrixé par l'histoire de la jeune femme, assez similaire à la sienne, Leos a passé l'entièreté de sa journée à bouquiner à la bibliothèque, chose qui est finalement assez confortable quand on ne ressent plus la fatigue ni la faim.
C'est en regardant finalement son téléphone qu'il réalise que l'heure est déjà bien avancée et qu'il faudrait peut-être qu'il se bouge un peu, pour éviter de trop s'encrouter dans sa chaise.

Il sent ses os craquer lorsqu'il se relève et pose sa main contre le bas de son dos, juste pour être sûr qu'il ne s'est rien cassé au passage. Depuis qu'il est mort, rien n'est moins sûr que son état physique et il ne serait pas étonné de se péter un ou deux membres à chaque fois qu'il fait quelque chose. Il est plutôt recommandé de faire du sport et de bien boire les potions qui permettent de garder des os solides, dans sa condition. Mais Leos a toujours été d'un naturel dissipé, lorsqu'il s'agit de son état physique.

Il s'est forcé à aller à la salle de sport lorsqu'Amanda lui a fait remarqué qu'il avait pris du bide après leur mariage, mais n'a jamais été spécialement intéressé par l'effort physique.
Après s'être assuré qu'il n'a pas un bout qui pend en se relevant, il se dirige vers l'accueil avec quelques livres sous le bras, n'ayant pas tout à fait terminé son exploration.

C'est une fois dans le couloir pour y accéder qu'il remarque une ombre familière entre deux rayons.
Interloqué, il s'arrête un instant pour observer la silhouette d'une femme aux cheveux aussi courts que bouclés. Une sensation de déjà vu le traverse alors qu'il fait un pas vers la femme, qui semble cachée derrière l'une des bibliothèques.
Un bruit résonne alors et il se glace en reconnaissant son prénom, murmuré par une voix rauque, presque imperceptible.

-Leos.

Le concerné déglutit et court presque jusqu'à l'origine de cet appel, manquant de se cogner contre l'un des meubles en le faisant.
Il réalise que l'ombre s'éloigne tandis qu'il se rapproche et que des bruits de pas résonnent dans la bibliothèque.
Il continue sa course en les suivant et arrive finalement dans l'entrée, cette dernière complètement vide à l'exception de la jeune bibliothécaire qu'il croise souvent.

Il reste un instant interdit, observant les alentours, avant d'enfin considérer la jeune femme qui lui fait face, le visage blafard.

-Excusez-moi, vous n'avez pas vu une femme passer? Une brune aux cheveux courts et bouclés, à peu près de votre taille?  

The lost souls chapter

Feuerbach Leos ft. Weaver Maya

---

L’inévitable avait fini par se produire et tout le travail de Maya avait été réduit à l’état de poussière à la seconde où un jeune garçon s’était installé confortablement dans les coussins qu’elle venait tout juste de réajuster. Si lui avait l’impression de ne faire que s’étaler dans un endroit prévu à cet effet, Maya elle, sentait son for intérieur se liquéfier tandis qu’elle réalisait que sa dure heure de labeur avait été vaine. Les fameux oreillers étaient désormais éparpillés afin de bien caler le dos de cet inconnu et elle savait qu’elle se retrouverait à nouveau dans les parages en fin d’après-midi à corriger ce qui constituait un travail sans fin.

Le soupir qui s’échappa de ses lèvres fut si sonore que le garçon en question avait redressé la tête dans sa direction, pas certain de saisir ce qui ennuyait tant cette jeune femme. Son expression âcre suffi néanmoins à lui insuffler l’idée de ne pas rester dans les parages, incapable de se plonger dans sa lecture dans une atmosphère aussi pesante. Elle devait surement passer une mauvaise journée et il jugea préférable de jouer les bonnes âmes en lui accordant de l’espace, le regard de notre bibliothécaire toujours porté sur le canapé qui avait perdu toute trace de son dur labeur.

Mais alors qu’elle était plongée dans ses pensées, Maya fut ramenée vers les rives de la réalité par des pas précipités résonnant derrière elle. Convaincue que sprinter dans une bibliothèque ne faisait pas partie des choses qu’elle pouvait tolérer en qualité de membre du personnel, elle détourna son attention vers l'origine du bruit et fut surprise de reconnaître un lecteur fidèle qui n'avait pas l'habitude de s'adonner à de tels écarts de comportement.

Le visage de cet homme lui était familier puisqu’elle avait pris l’habitude de le croiser lors de ses journées de travail. Il avait toujours arboré une expression plutôt détachée, plongé dans ses livres et uniquement actif socialement lorsqu’il était question d’en emprunter un ou deux. Lui qui était si habitué à ces lieux, le sentir aussi perdu troubla grandement Maya qui fronça les sourcils en considérant ce qu’il lui demandait.

La description de cette inconnue ne lui disait absolument rien, à l'exception d'une ancienne collègue qui était partie à la retraite depuis plus d'un an et qui n'avait guère la patience de revenir trainer dans les parages désormais. Vérifiant cependant les alentours pour s’assurer qu’elle n’était pas passée à côté de quelqu’un (et elle en était en réalité certaine puisque sa vision était naturellement plus aiguisée que la norme), Maya secoua négativement la tête en regardant à nouveau son interlocuteur.

- A moins que votre fille soit en réalité un adolescent blond aux yeux bruns, non je n’ai rien vu. Pour être parfaitement honnête je suis ici depuis 10h et je n’ai pas le souvenir d’avoir croisé une personne qui rentre dans votre description.

La bibliothèque était plutôt vide aujourd’hui, permettant à Maya de ressasser aisément toutes les personnes qu’elle avait aperçues durant la journée. Rien ne lui revenait en tête et c’est pourquoi elle détailla curieusement le visage de cet homme qui paraissait très troublé et détermina à son teint pâlot qu’il devait surement avoir besoin qu’on prenne un peu plus en compte sa situation.

- Vous…Voulez un verre d’eau, peut-être ? Je peux essayer de voir si je tombe sur cette fameuse brunette mais entre temps il serait peut-être bon pour vous de vous asseoir un peu.

Proposa-t-elle, bien que son cœur se déchire à l’idée que quelqu’un revienne foutre son arrière-train sur les coussins qu’elle s’était tué à disposer par ordre de couleur. Elle ne se serait pas plus inquiétée que cela en temps normal concernant une telle demande mais son instinct lui indiquait qu’il y avait peut-être anguille sous roche et c’est pourquoi elle veilla à être un peu plus avenante que d’habitude.

The lost souls chapter

Feuerbach Leos ft. Weaver Maya

---

Livide, Leos se demande si toutes ces heures passées à potasser ne l'ont pas rendu fou.
Hochant doucement la tête, il s'assied à l'endroit indiqué par la bibliothécaire, ne réalisant pas qu'il détruit ici des heures de dur labeur.

Sa tête est légère et ses mains tremblantes, aussi tente-t-il de les cacher dans son pull pour ne pas inquiéter la jeune femme qui lui fait face.

-Un verre d'eau serait parfait. Je vous remercie.

Les yeux rivés sur ses pieds, il considère un moment la chose qu'il a cru apercevoir.
Comment ne pas se retrouver totalement déboussolé en ayant vu et entendu une figure qui lui rappelle celle de sa défunte épouse?
Cassé par le choc, le cerveau de Leos prend un peu de temps à se réinitialiser alors qu'il se concentre sur sa respiration et tente d'avoir l'air moins dérangé.

Il avait déjà lu des histoires similaires au sein d'Eagle Lake, qui mettaient en scène des personnes ayant distingué la silhouette d'un proche défunt.
Dans son cercle d'amis undeads, l'un d'entre eux avait même prétendu converser avec un fantôme, une fois ou deux.
Leos n'en avait évidemment rien cru, n'ayant jamais rencontré une autre forme d'âme errante que celle de morts vivants tout en chair putride et en os.

Il reconsidère désormais la chose. Se peut-il qu'après ces deux longues années sans donner de signe, l'âme d'Amanda erre encore ici?

Complètement meurtri par cette idée, Leos se redresse en notant que la bibliothécaire est revenue avec ledit verre d'eau et la remercie avant de le porter à ses lèvres.
Il faut reconnaître qu'il n'est toujours pas au fait du pourquoi ni du comment il a "survécu" à cet accident de voiture, quand le corps de sa femme a pour sa part, succombé à ses blessures.

Il a même eu l'immense privilège d'aller inspecter le cadavre d'Amanda, son visage à découvert pour qu'il confirme son identité.
L'immonde souvenir lui donne presque envie de vomir, aussi finit-il son verre d'une traite pour faire passer cette envie.

Relevant désormais la tête vers la bibliothécaire pour lui rendre le verre, Leos constate qu'il la reconnait.
S'il ne se trompe pas, son nom est Weather... ou quelque chose du genre. Elle l'avait aiguillé la première fois qu'il est venu ici et lui avait expliqué le fonctionnement des retours de la bibliothèque.
Elle avait toujours l'air dépassée par son job, aussi évitait-il habituellement de la contacter en cas de besoin - il se débrouillait toujours seul.
Aujourd'hui néanmoins, un peu d'aide ne sera pas de refus.

-Vraiment navré de vous déranger alors que vous êtes proche de l'heure de fermeture, mais auriez-vous un peu de temps à m'accorder? Je voudrais vous emprunter quelques livres au sujet d'Eagle Lake et plus particulièrement des Undeads. Est-ce que vous auriez des ouvrages à me recommander à ce sujet?

L'air antipathique qu'il arbore habituellement laisse place à une moue un peu plus vulnérable, cette dernière trahissant le bouleversement qu'il vient de vivre.

The lost souls chapter

Feuerbach Leos ft. Weaver Maya

---

Maya avait visé juste : son interlocuteur n’était pas au top de sa forme et trahissait une certaine forme de nervosité. Elle n’était pas spécialement intrusive mais son instinct la trompait rarement et lui indiquait toujours lorsque les personnes en face d’elles avaient une émotion teinte d’une certaine complexité. Elle l’avait toujours croisé au summum de la quiétude et le voir aussi agité avait immédiatement sonné l’alerte et c’est pourquoi elle accepta de s’éclipser le temps d’aller lui chercher un verre d’eau.

Elle ne manqua pas de le voir poser son arrière-train sur ses nombreuses heures de travail mais à ce stade elle n’était plus aussi ennuyée qu’avant par cet acte. Peut-être était-ce la confusion qui l’avait empêchée de se laisser aller à ses éternels soupirs ou simplement une forme d’inquiétude pour cet homme qui agissait de manière très étrange. Tout juste après avoir atteint la salle de pause du personnel qui se situait non loin d’eux, Maya retourna sur ses pas et tendit alors le verre à notre lecteur qui ne se fit pas prier pour le porter à ses lèvres.

Maya n’aimait pas spécialement s’immiscer dans la vie des autres dans son lieu de travail mais il fallait avouer que ce comportement inhabituel avait titillé une forme de curiosité chez elle. Elle était très tentée de lui demander ce qui se passait mais savait aussi facilement se mettre à sa place et se dire qu’elle détesterait, d’un point de vue personnel, qu’une personne complètement méconnue vienne la questionner sur ses tourments intérieurs. Surtout lorsqu’elle est censée maintenir une image un tant soi peu professionnelle.

Terrée alors dans le silence, Maya attendit simplement que notre garçon ci-présent termine son verre afin de le récupérer jusqu’à l’entendre formuler une demande spéciale. Elle avait déjà guidé notre lecteur par le passé lorsqu’il faisait ses premiers pas dans la bibliothèque et avait souvenir qu’il se débrouillait toujours relativement seul et que quémander son aide devait sans nul doute trahir une volonté d’être plus pointilleux dans ses recherches.

L’intérêt qu’il portait aux Undead la fit sourciller, notamment car un détail sur sa personne l’avait travaillée jusqu’à présent : il ne dégageait aucune odeur humaine. Le flair naturellement plus sensible, Maya pouvait sentir plus loin que le commun des mortels et n’avait pas réussi à détecter cet effluve si spécifique aux êtres humains. Certes elle humait aisément son parfum mais il n’y avait rien au-delà de cela, comme un genre de nappe placé sur une table inexistante.

- Pas de soucis, je pense avoir de quoi vous sustenter. Ne vous inquiétez pas pour mes horaires, c’est une soirée relativement vide qui m’attend donc autant la meubler un peu.

Tentant alors un semblant d’humour pour aider le jeune homme à reprendre un peu plus de couleur, Maya lui fit signe de la suivre tout juste après l’avoir débarrassé de son verre vide. Cette section suscitait rarement l’intérêt du grand public et c’est pourquoi elle espérait ne pas avoir perdu le fil et être capable de le guider jusqu’à l’endroit souhaité sans se perdre.

Arrivée à une certaine étagère, Maya récupéra un escabeau qui trainait sous l’une des tables en le déposant de sorte qu’il puisse servir sa cause. Ce dernier était si peu exploité que notre brune dût passer légèrement sa main sur la base afin d’en dégager une fine pellicule de poussière, invitant alors son interlocuteur à s’en servir.

- Je vous avoue qu’on n’est pas très riches en ce qui concerne les Undead. Les quelques auteurs qui ont traités ce sujet n’ont pas été bien accueilli et y’a de quoi vous couper l’envie d’en faire une saga. En revanche on a quand même pas mal d’informations générales qui peuvent servir. Je ne pense pas que la taille de certains bouquins vous impressionnera, je vous ai déjà vu lire des trucs plus épais par le passé.

Consciente que cette remarque pouvait donner l’impression étrange qu’elle l’observait à ses heures perdues, Maya s’empressa de corriger le tir en levant légèrement sa main vers lui.

- Vous êtes souvent dans le rayon qui est à ma charge, c’est pour ça. Bref, qu’est-ce que vous voulez savoir à propos des Undead ? Il n’est pas impossible que vos réponses se trouvent dans d’autres bouquins, dépendant de ce que vous recherchez.

The lost souls chapter

Feuerbach Leos ft. Weaver Maya

---

Essayant de reprendre le contrôle sur ses émotions, Leos vide finalement son verre d'une traite puis observe la goutte qui reste dans celui-ci.
Il n'est vraiment pas doué pour les conversations triviales avec autrui et est bien conscient qu'il abuse surement dans sa demande, que ce n'est pas une question de vie ou de mort - ce ne sera plus jamais le cas, après tout.

Mais l'impression que le timing est important le ronge désormais et c'est pour cela qu'il n'hésite pas à suivre Maya, s'aventurant dans la bibliothèque à ses côtés.
Il la remercie poliment lorsqu'elle lui retire le verre des mains et défroisse son pantalon d'un geste automatique, nerveux.
Il tente un sourire face à l'insinuation de la jeune femme mais arrive à peine à suivre la conversation qu'elle essaye d'entretenir.

Il ne retient pas un froncement de sourcils en arrivant devant la minable section consacrée aux Undeads.
Ses compères et lui-même constituent après tout un certain pourcentage de la population, c'est plutôt étonnant que seulement quelques rares écrits aient été publiés à ce sujet.

On lui avait déjà parlé de discrimination contre les Undeads, mais il avait cru qu'il ne s'agissait que d'un moyen pour certains de s'apitoyer sur leurs sorts.

-Je ne m'attendais pas à la bibliothèque d'Alexandrie, mais je pensais toutefois qu'il y aurait un peu plus qu'une dizaine d'ouvrages.  

Laissant Maya descendre de son petit escabeau, il prend la relève et va consulter la tranche des quelques ouvrages dédiés à sa condition.
Le plus imposant des livres est celui qui attire immédiatement son attention, bien que son titre ne soit pas très prometteur.

-"Histoires vraies d'Undead d'Eagle Lake"? Je vous avoue que je cherchais quelque chose d'un peu plus... informatif?

Il soupire et remet ses lunettes droites sur son nez, reposant ensuite le livre à sa place.
En parcourant les autres ouvrages, il met finalement la main sur un petit essai consacré à l'étude sociale d'un groupe d'Undead et de leur place au sein de la société.
Malheureusement, rien ne semble très porté sur les sciences, l'anatomie ou l'histoire de son clan.
Chose qui est complètement abérrante quand on sait qu'Eagle Lake a quelques siècles d'existence derrière soi. Le fait que l'une des communautés de la ville soit complètement délaissée semble dérisoire.

Détournant son attention du livre qu'il a entre les mains, Leos considère un moment Maya, étonné d'être perçu.
Il fait toujours en sorte d'être le plus discret possible et le manifeste dans sa manière de s'habiller ou dans cette façon qu'il a de ne s'en tenir qu'au minimum de la politesse avec autrui.

-Ah. Effectivement.

Constatant que cela suscite alors un certain malaise chez la jeune femme, il décide à son tour de passer à autre chose et fait mine de feuilleter l'unique livre sur cette étagère qui semble un temps soit peu intéressant.

-J'aurais voulu trouver des ouvrages penchés sur leur histoire, leur anatomie. Ou même leurs particularités. On sait que les vampyres mordent, que les beasts attaquent et que les sorcières ensorcèlent. Les undeads n'ont pas l'air d'avoir de tels dons... à part une prétendue immortalité, bien entendu.

D'un pas mal assuré, il descend de l'escabeau et va le remettre à sa place, le livre toujours en main.

-C'est tout ce que vous avez ici, n'est-ce pas? Et j'imagine que vous n'êtes pas en contact avec la bibliothèque d'une autre ville, abritant elle aussi des créatures insubordonnées et socialement inadaptées?